La petite serveuse du café d'en face.

Publié le par Je fais ce que je veux

 

Tous les jours, je la surveillais. Je la trouvais magnifique la petite serveuse du café d'en face. Elle était splendide dans son tablier, malgré ses ongles cassés et son vêtement taché. J'étais artiste et tous les jours je contais la vie de cette petite serveuse du café d'en face. Par ma fenêtre je la voyais très bien. Elle habitait au dernier étage de l'immeuble au dessus du café. Et tous les matins je la voyais mettre en place les chaises, ouvrir les rideaux et faire le ménage dans son grand vêtement taché. Et tous les soirs, je la regardais ranger les chaises, fermer les rideaux, après avoir fait le ménage. Et pendant la journée, je l'admirai, servir sur son plateau les commander, faire onduler son tablier et slalomer avec grâce entre les tables du café d'en face. Elle était bien misérable dans sa condition, mais jamais elle ne courbait l'échine. Elle marchait toujours avec le dos droit. J'étais tombé peut-être amoureux. J'espérai tous les matins avoir assez de courage pour traverser la rue, m'assoir à la terrasse et regarder de plus près la petite serveuse du café d'en face. Mais jamais je n'ai osé l'aborder. Et un jour je l'ai vu arriver devant ma porte. Elle a tapé. Je lui ai ouvert et je l'ai regardé. Elle m'a tendu un papier. C'était une feuille du livre que j'écrivais sur elle. Et elle m'a remercié. De quoi ? D'avoir fait parler cette misérable illettrée. Et d'avoir pu imaginer qu'elle était belle et gentille. Avec ses cheveux bruns remontés et ses yeux bleu cernés, son tablier taché et sa robe déchirée, qu'elle était belle la petite serveuse du café d'en face. On lui avait lu cette page et elle avait pleuré, en apprenant que c'était elle la muse de mon essai. Depuis, je la regarde de près et sa condition s'est améliorée. Mais elle n'a pas perdue sa grâce, ni sa splendeur. Elle sert toujours les commandes dans son jolie tablier et sa petite robe raccommodée à la terrasse du café d'en face. La petite fille du café d'en face traverse maintenant la rue tous les soirs pour venir me voir. Elle sait maintenant lire et écrire. Et moi je sais l'aimer, je ne me contente plus de l'observer, la petite serveuse du café d'en face.



Elsa Bren.

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Publié dans Textes

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P
<br /> <br /> "Je ne plairais..pas aux garçons" tu vois, sans faire exprès peut-être tu as mis ton verbe au conditionnel. Donc rien d'affirmatif, rien de sûr ! Plaire ça dépend de tout un tas de paramètres et<br /> je suis certain au moins d'un ou deux, ceux de ta beauté intérieure et de ton intelligence. Alors il en passera dans ta vie des amoureux, tu vas voir !<br /> <br /> <br /> Serge<br /> <br /> <br /> <br />
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E
<br /> <br /> Si j'étais à sa place. Je ne plairais pas aux garçons. <br /> <br /> <br /> Merci. On dirait mon oncle qui parle. Il me tient exactement le même discours<br /> <br /> <br /> <br />
P
<br /> <br /> Salut Elsa,<br /> <br /> <br /> Est-ce toi qui fait ces toiles ? C'est vraiment pas mal !<br /> <br /> <br /> Je viens de lire ton texte (attention à l'ortho!) et je fais un lien avec ce poème de mon blog :<br /> <br /> <br /> <br /> Café de Paris<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> C’est un jour de semaine.<br /> 9 heures et bien frisquet.<br /> Au bord des fenêtres la ville épie la neige sur ses places.<br /> <br /> Derrière son comptoir,<br /> Elle est nouvelle, toute fraîche et jolie,<br /> La petite serveuse du Café de Paris.<br /> Elle parle,<br /> Elle parle comme le matin est beau :<br /> <br /> « J’ai quelque chose à faire, j’ai oublié quoi ! »<br /> « D’habitude, on a un petit cahier… je ne<br /> sais plus ce que j’en ai fait. »<br /> <br /> Puis, au travers d’un sourire aussi clair qu’il fait jour :<br /> « Déjà je suis là, vous êtes là, j’ai réussi à vous servir…<br /> cela va me revenir ! »<br /> <br /> Il y a de ces merveilles !<br /> Du coup, mon café prend carrément le goût de friandise.<br /> <br /> Elle me raconte ensuite qu’elle se nomme Ludivine<br /> Que c’est sûr… qu’ à l’école,<br /> Elle n’était pas forte en français…<br /> En français.<br /> <br /> Repassant place des halles, je salue la gendarmette,<br /> Toute surprise.<br /> – moi aussi –<br /> Mais il y a des jours, vraiment, où cela ne coûte pas !<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Sauf que moi c'est Fougères, c'est pas Nîmes !<br /> <br /> <br /> Sauf que moi, elle s'appelait Ludivine et que je la trouvais comme les trois dernières syllabes !<br /> <br /> <br /> Sauf que moi, j'ai 55 ans et qu'elle en avait 25 !<br /> <br /> <br /> Sauf que moi, j'aime bien tomber amoureux souvent des petites serveuses de bar !<br /> <br /> <br /> Sauf que ça dure jamais longtemps !<br /> <br /> <br /> Sauf...<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Salut<br /> <br /> <br /> Serge<br /> <br /> <br /> <br />
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E
<br /> <br /> Serge, <br /> <br /> <br /> Non, non, ce n'est pas moi qui est fait cette toile. Une petite image dégoté sur internet. <br /> <br /> <br /> J'aime beaucoup ton poème.<br /> <br /> <br /> Sauf que moi je l'ai inventé la belle demoiselle du poème, sauf que moi je pensais à Paris et pas à Nîmes, sauf que j'aurais bien aimé être comme cette belle, sauf que moi je ne plairais pas aux<br /> garçons. <br /> <br /> <br /> <br />